“La culture en clandestins”, le livre sur la rénovation de l’horloge du Panthéon


coupole et livre

La coupole du Panthéon, vu du coin droit en remontant la rue Soufflot. Sur la photo, on peut voir une voiture de la préfecture de police... dont l'UX se moque tant dans le livre

Ça fait longtemps que je n’avais plus écrit un billet en français sur ce blog, surtout concernant autre chose que la co-création, les plateformes communautaires ou mes poissons d’avril. Mais voilà, je suis maintenant parisien, et je voulais partager quelques passages d’un livre superbe sur Paris: La Culture en clandestins. L’UX. En fait, j’ai déjà abordé l’UX dans un billet précédent sur les marques de communautés, qui avaient été abordés dans un très bon livre de Bernard Cova. Vous n’avez put-être pas encore entendu parler de l’UX, mais peut-être avez-vous entendu parler de la rénovation (clandestine) de l’horloge du Panthéon, de 2005 à 2006? Partant du principe qu’une autorisation officielle serait trop longue et compliquée à obtenir, un groupe de passionnés du patrimoine a décidé de rénover cette partie invisible du patrimoine, au nez et à la barbe de l’administration du patrimoine. Dans ce livre, le porte-parole de ce groupe, raconte cette passionnante aventure… en se moquant de l’ignorance des responsables officiels!

Même la page Wikipédia du Panthéon en parle. Et pour cause : la révélation des faits, croyez-le bien, était très gênante pour le Centre des Monuments Nationaux (CMN), l’administration qui gère une grande partie du patrimoine public français. Il y a un passage très drôle à la fin du livre qui relate le passage où, justement, le CMN dit vouloir porter plainte auprès des policiers du commissariat du 5è arrondissement :

– Policier : Quelque chose a-t-il été volé?

– CMN : Non

– Policier : Dégradé ou cassé?

– CMN : Non non. Ils ont juste restauré l’horloge

– Policier : Ca n’a pas été bien fait?

– CMN : Oh, si si…!

– Policier : Mais enfin… vous voulez porter plainte pour quoi au juste?

– CMN : On veut porter plainte

– Policier : Bon.

Finalement, le CMN a porté plainte pour “pénétration dans un lieu public sans autorisation“, mais ils ont été déboutés puisqu’il n’y avait aucun dommage, et que ce délit n’existe pas dans le code pénal! Mais le livre ne raconte pas uniquement l’histoire de la rénovation de l’horloge, qui est invisible de l’extérieur (voir ce croquis tiré du livre). Pour être honnête, pour être allé voir au Panthéon, et même y être rentré lors des Journées du Patrimoine, je ne sais toujours pas où elle se trouve. Le livre permet au lecteur de se plonger dans un monde des explorateurs urbains – d’où les lettres UX – et leurs activités beaucoup moins médiatiques que la rénovation de l’horloge.

extrait-article

Un article du Figaro sur les Untergunther (cliquez sur l'image pour accéder à l'article)

En effet, alors que The Guardian parle de “Underground restorers” et que The Times les a appelé “Underground terrorists with a mission“, il serait certainement plus juste de parler d’un groupe d’explorateurs urbains. Je n’ai pas eu la même impression que Le Figaro (ci-dessus) en lisant le livre, et c’est bien une expression de journaliste que de parler de “bobos en quête de frissons“. Il s’agit davantage de personnes qui ont décidé que leur loisir sera de passer leurs nuits dans des endroits inconnus du grand public : catacombes, carrières, salles souterraines…et ce pour restaurer, regarder des court-métrages ou des pièces de théâtres organisés pour les initiés.

photo

Lazar Kunstmann, l'auteur du livre, est ici au centre de l'image ("lors d'une opération de surveillance d'une opération d'exaction de l'Inspection Générale des Carrières")

Je m’arrête là dans mes explications, puisque je conseille à tous les intéressés du patrimoine parisien et de la culture urbaine de lire ce bouquin. Il est facile à lire, il est drôle, il est instructif et il fait rêver. Maintenant, à chaque fois que je passe devant un grand monument parisien, j’imagine que je puisse y pénétrer pour le visiter de l’intérieur. A chaque fois que je vois un pièce allumée dans un de ces monuments tard dans la nuit, j’y vois l’administration si incompétente et ignorante dont parle Lazar Kunstmann. A chaque fois que je regarde sur la coupole du Panthéon, je crois y voir Félix, surveillant la face nord-ouest du Panthéon. 😉

photo

—-

Ajout du 22 janvier 2012: Merci beaucoup à Urban Resources d’avoit partagé un lien dans les commentaires. Ce lien montre une vidéo sur cette rénovation des UGWK, à vous de voir:

mequanisme

Cliquez sur l'image pour voir la vidéo sur Urban-Resources.net

8 Comments

  1. …ah merveilleux Yannig merci beaucoup, déjà l’article est un cadeau. Cela pointe très bien les absurdités de l’administration culturelle , malheureusement ce n’est pas typiquement français.
    Un bon bol d’oxygène en tout cas; je le recommanderai.
    Maruen

    Reply

  2. Votre couverture personnalisée de “La Culture en Clandestins, l’UX” est superbe !… je veux la même !

    Sinon, pour savoir où est l’horloge, c’est pas difficile :
    En entrant dans le monument, vous allez tout droit jusqu’au fond de la nef, une fois derrière la statue de La Convention Nationale vous regardez sur votre gauche, en haut, et vous voyez le cadran de l’horloge (le mécanisme est pas loin derrière).

    Andy

    Reply

  3. “Preservation without Permission: the Paris Urban eXperiment” Lazar Kunstmann, spoke people of the French artistic movement “l’UX” and filmaker of “Panthéon, mode d’emploi”, will be the guest of the Long Now Foundation for a seminar at the Cowell Theatre in Fort Mason Center (San Francisco) on November 13th. Do not miss this unique opportunity to meet him live! http://longnow.org/seminars/02012/nov/13/preservation-without-permission-paris-urban-experiment/

    Reply

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s