7 Ausschnitte übers glücklich sein, von “Auf Der Suche Nach Dem Sinn” (Knesebeck Verlag)

Spontanes Foto, beim Jobseminar in La Défense, Paris

Vor einigen Monaten haben meine Tante und ich länger telefoniert, und viel über das Leben diskutiert. Ich rede seit einigen Jahre gerne über solche Themen, denn ich merke, wie es mich bereichert und dazu bringt, über den Alltag hinaus nachzudenken.

Darauf schickte sie mir per Post diese Buch, Auf der Suche nach dem Sinn, und ich habe es gerade fertig gelesen. Ich möchte 7 meiner Lieblingspassagen teilen (von insgesamt “40 Gesprächen über das Leben“). Über Lebenszufriedenheit, zu hohe Erwartungen, den Wert der Familie und vieles andere.

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Hätte Schopenhauer getwittert?

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Schopenhauers "Aphorismen zur Lebensweisheit" hätten auch getwittert werden können, oder?

Ich hatte gerade die heutige Ausgabe der Welt in der Hand; und neben einem sehr kritischen Artikel über Google und Facebook habe ich vorallem zwei Artikel über Twitter bei Seite gelegt. Bei beiden handelt es sich um die bekannte Microbloggingseite – aber es geht um sehr verschiedene Umfelder: die Litteratur der vergangenen Jahrhunderte, und Finanzen der Gegenwart (und der Zukunft!) Continue reading →

Why the web is making us (somehow) autistic

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I already blogged about how Google empowers us by enlarging our abilities to treat and recognize information (in French). I now just finished another book that deals with the way we deal with information today, in The Age of the Infovore. Written by blogger and professor Tyler Cowen, the book actually talks more about autism than about the web… but it gives us useful insights about thinking in the Information Economy. Continue reading →

Un ogre, Google? Oui, mais très gentil (Google God, d’Ariel Kyrou)

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Les bureaux de Google à Mountain View sont un lieu de pélérinage pour les technophiles

Le tweet de Julien Hervouët, entrepreneur et enseignant en gestion de projet web à l’ESSCA, illustre très bien l’idée du livre: Google est un dieu de l’information qui a non seulement une influence énorme auprès des décideurs, mais aussi un capital sympathie inouï pour ce type de multinationale. C’est de quoi traite le livre Google God (Big Brother n’existe pas, il est partout) dont je viens de terminer la lecture, et qui permet de véritablement prendre du recul vis-à-vis de ce géant tout-puissant du web. Continue reading →

Petite philosophie du design, Vilém Flusser, éd. Circé

Alors que je tuais le temps entre deux rendez-vous à Paris dernièrement, je n’ai pas pu m’empêcher à entrer dans la librairie Vrin, qui rassemble une quantité impressionnante de livres sur divers sujets philosophiques. Dans le rayon dédié à l’art et à l’esthétique, je suis tombé sur la Petite philosophie du design du philosophe tchèque Vilém Flusser et je n’ai pas pu m’empêcher de l’emmener. Celui qui a aussi écrit Pour une philosophie de la photographie en 1983 défend la thèse que notre avenir sera affaire de design.

Né à Prague en 1920, l’auteur émigre de son pays natal en 1940 et s’établit à Sao Paolo, où il enseigne notamment la philosophie des sciences puis devient, en 1963, professeur de philosophie de la communication et des médias (à ce sujet, je vous conseille également le livre de Dominique Wolton). Il a passé la fin de sa vie entre la France et l’Allemagne (le texte de l’essai a été traduit de l’allemand) et décède dans un accident de voiture alors qu’il se rendait à une conférence à Prague en 1991. Ses textes sont courts et très simples à lire, comme ce livre qui comprend seulement 85 pages de texte. Mais quel régal.

Après un bref rappel étymologique des origines du mot design (signum, le signe), l’auteur entame sa réflexion en affirmant que le mot design a “investi la brèche et a jeté un pontentre le domaine de la science et celui de l’art, deux domaines qui ont été radicalement opposés par la bourgeoisie moderne. A la fin de son essai, Flusser affirme aussi que cette distinction avait autrefois un sens, mais que ce n’est plus le cas aujourd’hui : les formes sont aujourd’hui des “modèles”, et non plus des “découvertes” (formes vraies) ou des “fictions” (formes fausses) comme à l’époque de la révolution industrielle. Nous vivons dans une économie de la connaissance, et les formes -ou l’apparence de la matière- ont un contenu informationnel qui guide l’utilisation.

Comme l’a aussi abordé Christian Guellerin lors d’un cours donné à l’ESSCA récemment, Flusser se demande si l’industrie de design renferme une éthique, et cette question se trouve être particulièrement pertinente aujourd’hui. Les conflits comme WWII ou la guerre en Irak (celle de 90-91) lui permettent de poser quelques questions : qui du “complexe post-industriel pilote/hélicoptère” est responsable de la mort de civils ayant péri dans le raid aérien ? Les ingénieurs ? Les designers ? Le pilote ? On peut aussi se demander dans quel sens va la relation d’influence dans l’interaction homme/machine… Bref, le fait même de poser ce type de questions “nous permet pourtant d’espérer“.

“Les gens devraient enfin apprendre à calculer”

On peut terminer ce petit billet par l’apologie de la science faite par M. Flusser et qui m’a presque fait regretter de n’avoir que fait le minimum en cours de physique et de mathématique : je ne peux donc pas “partager l’expérience de la beauté et de la profondeur philosophique de quelques équations particulièrement remarquables (par exemple celles d’Einstein)“. En même temps, la magie du numérique nous permet maintenant de transcoder les nombres en couleurs, de les voir, de les entendre : ils sont perceptibles par les sens. Me viennent alors à l’esprit deux exemples de ce type de démarche de design “mathématique” : l’art fractal et l’entreprise Nervous System, fondée par deux étudiants d’Harvard et du MIT.

Un collier Nervous System (©Fast Company)

Je ne peux m’empêcher de cite un dernier extrait, particulièrement adapté à la société actuelle à mon sens : “Exactement comme l’homme primitif qui intervenait dans la nature directement grâce à ses mains et donc fabriquait partout et tout le temps, les fonctionnaires de l’avenir, munis d’appareils petits, minuscules ou même invisibles, seront partout et toujours des fabricants“.

Conférence d’André Comte-Sponville, 2 octobre 2009, Centre des Congrès d’Angers

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Dans le cadre du Centenaire de l’Ecole, l’ESSCA avait réuni anciens, professeurs, partenaires et étudiants au Centre des Congrès d’Angers pour une soirée autour d’André Comte-Sponville, philosophe normalien, qui s’est proposé de réfléchir sur le sujet “Sens du travail, bonheur et motivation : philosophie du management“. Cette conférence a été suivie par une discussion avec les étudiants et le président du Réseau des Anciens Elèves, Thierry Forges, animée par Gilles Lockhart, journaliste à L’Expansion. Retour sur la soirée…

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près un bref discours d’introduction de Dominique Vigin, président du Groupe ESSCA, puis de Catherine Leblanc, directrice de l’Ecole, M. Comte-Sponville a commencé sa conférence peu après 18h30. S’adressant à des managers et futurs managers, il a rappelé la difficulté de cette fonction, tout simplement parce “c’est faire travailler les autres, et les autres, travailler, ils préféreraient pas“. La difficulté du management réside donc selon lui dans le fait que le travail est une contrainte. Inévitablement, le philosophe a alors fait le parallèle avec l’esclavagisme : “le fouet faisant défaut, c’est pour ça que l’on a inventé le management“.

“Le profit est quand même le seul moyen que l’on ait trouvé pour faire reculer la pauvreté”

Le management moderne (si l’on peut “management” pour l’esclavagisme…?) aurait alors pour principale mission de concilier des intérêts divergents : ceux des salariés, qui recherchent le bonheur, et ceux de l’entreprise, qui recherche le profit. Autrement dit, comment le management doit-il faire pour donner un sens au travail ? Dèjà, M. Comte-Sponville a commencé par rappeler que le travail n’était pas une valeur morale, comme le disent parfois les dirigeants et managers, notamment à cause de l’existence du salaire. Effectivement, personne ne vous paye pour être juste, pour être généreux… bref pour être vertueux.

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“Le travail ne vaut rien, c’est pour ça que l’on le paye”

Le travail n’est toujours qu’un moyen, pour tendre vers le bonheur ou pour faire du profit, et selon le philosophe c’est justement pour cela qu’il doit avoir un sens. Le sens du travail est par définition une autre chose que le travail. Mais vers vers quoi tendons-nous alors ? Et comment nous motivons-nous au travail si on ne travaille pas pour le plaisir de travailler, mais pour quelque-chose d’extrinsèque au travail ? Qu’est-ce qui fait courir l’homme ? Le bonheur ? C’est justement la deuxième partie de l’intervention d’André Comte-Sponville qui permet de réfléchir sur ces questions.

“Un manager, c’est un professionnel du désir de l’autre”

Le réflexion sur le bonheur et le motivation passe inévitablement par la notion de désir. Concrètement, un manager est donc un “professionnel du désir du salarié”,  un marketeur étant un “professionnel du désir du client”. Mais le philosophe est allé encore plus loin dans la description de ces deux disciplines : selon lui il y aurait un marketing platonicien (“les clients courent après ce qui leur manque”) et un marketing spinoziste (“les clients courent parce qu’ils aiment la puissance de courir”). Depuis le début de l’ère du marketing de l’offre effectivement, c’est en flattant le client que l’on arrive à vendre ce qu’on lui fait désirer…

“Quand on est marchand de chemise, le type qui vient torse-nu est quand même une formidable exception”

Il en est de même avec le management et les ressources humaines, dont la principale difficulté n’est pas de trouver mais de recruter et de fidéliser les meilleurs. Qui sont les meilleurs ? Ce sont ceux qui peuvent s’en aller à tout moment… Les salariés ont certes besoin d’un salaire mais aussi et surtout d’autres sources de motivation comme de bonnes conditions de travail, une certaine reconnaissance sociale, des incentives stimulantes etc. C’est ce que M. Comte-Sponville appelle le marketing managérial : d’attacher autant d’importance aux désirs du client qu’à ceux du salarié. L’intérêt de l’entreprise est donc de faire du profit, celui des salariés est le bonheur ; l’entreprise doit donc aligner ses propres désirs à ceux des individus qui y travaillent.

“Le management est réussi quand des gens qui ne travaillent pas par amour du travail finissent par aimer ce pour quoi ils travaillent”

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Dans le débat qui a suivi, le philosophe Comte-Sponville a pu répondre à des questions d’étudiants de deuxième, troisième et cinquième année, ainsi qu’à celles de Thierry Forges, Président du Réseau des Anciens de l’ESSCA. Les questions portaient sur différents aspects du travail et du management. J’en ai surtout retenu que “motiver, c’est rendre un désir utilisable”, partie de la réponse donnée par M. Comte-Sponville à une question posée sur le management du bénévolat. L’esprit de l’intervention de l’auteur du Peit Traité des Grandes Vertus est très bien repris dans cette “vision” qu’il a du marché :

“Que dit-on à un client ? Sois égoïste : achète chez moi. Que dit-on à un salarié ? Sois égoïste : travaille chez moi. Le marché, c’est la convergence de égoïsmes”

Une quasi-paraphrase des termes employés par Adam Smith pour décrire les lois du marché régi par la main invisible. M. Comte-Sponville semble avoir une vision très libérale du marché, à l’inverse de la tendance actuelle. Dans le contexte actuel de la crise, le postulat selon lequel le somme des intérêts individuels garantit la meilleure allocation possible des ressources -le libéralisme- est plus critiqué que jamais. Le conférencier critique également le paternalisme lorsque, pour répondre à une question d’un étudiant en 5ème année, il affirme que le paternalisme c’est “faire semblant d’aimer ses salariés”. Selon lui, “une entreprise n’est pas une famille, mais un marché”. A la question de Thomas, étudiant en 3ème année, qui demande ce que M. Comte-Sponville veut dire lorsqu’il affirme que les jeunes perdent le sens du travail, conclut par cette réponse :

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“Le travail n’est toujours qu’un moyen, c’est vrai, mais c’est presque toujours le moyen le plus important”

La soirée s’est terminé dans le hall du Centre des Congrès autour d’un cocktail pour lequel Saïté Chen, concertiste et étudiant en 3ème année, a joué des extraits d’œuvres de Bach, Listz, Gerschwin ou de Chopin. Un superbe cadre pour converser avec les professeurs et rencontrer les anciens élèves, dont M. Le Duff, conviés à cette soirée.

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Et aussi :

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(Merci à Charles pour les photos)