The Globalization of Nothing, George Ritzer, Pine Forge Press

book cover

Image via PineForge.com

George Ritzer, from the University of Maryland, is a well-known specialist of globalization and its effects on society. With The Globalization of Nothing 2 (second edition, a “shorter, tighter, and more focused [on] globalization” than the first edition), he writes one more book about globalization, which might be considered as tiresome – but he introduces new concepts like grobalization and the somethingnothing continuum, and provides a discerning analysis of today’s world.

“Anything that is purely local is fast disappearing from the world scene”

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“Consommer moins – consommer mieux”, débat entre J-M Pelt et Serge Papin, éd. Autrement

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Céline Rouden, responsable du service politique du journal La Croix, a réuni pour ce livre Serge Papin, président vendéen de la coopérative de commerçants Système U, et Jean-Marie Pelt, fondateur de l’Institut européen d’écologie. Sur une petite centaine de pages, les deux hommes aux points-de-vue a priori opposés débatent de la société, de la consommation et de l’avenir de notre modèle de société. “Ce livre d’entretiens tente d’esquisser les voies de ce qui pourrait être […] une société de l’après-consommation“, précise l’auteure dans l’introduction.

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La Mondialisation : Emergences et Fragmentations, Pierre-Noël Giraud, éd. Sciences Humaines

 

Couverture

Il y a quelques mois, un lecteur m’a conseillé ce livre de Pierre-Noël Giraud sur la mondialisation. Je vous avoue que j’en ai lu beaucoup, des livres sur la mondialisation, et que j’ai appréhendé de relire les mêmes constats, les mêmes exemples et les mêmes propositions… mais celui-là a effectivement le mérite d’être synthétique et clair. Les thèses du bouquin sont intéressantes : parmi elles, j’ai notamment retenu que l’avenir “[de l’Afrique] repose fondamentalement entre les mains de ses habitants” et que les systèmes politiques et économiques actuel doivent être réformé s’il nous voulons un développement durable. Une croissance durable, je veux dire. Continue reading →

Global Innovation 1000 : Companies are working hard to spend smarter

Taken from www.booz.com

This week, the consulting firm Booz&Company issued a preprint of its Global Innovation 1000 report (download here), which analyses the R&D-spending structure and behaviour of 1000 public companies across the world. These companies represent USD 532 billion (532,000,000,000 !) of research and development spending, “just over half the money invested worldwide in 2008“. Analysing R&D data of 1000 companies indeed takes a lot of time, even if they must more than two (the authors of the report : Barry Jaruzelski and Kevin Dehoff) in their team.

So these thousand companies, on top of which the Toyota Motor Corporation, represent half of the R&D spendings in the world, which basically can be splitted into company and government spendings. Within companies, the stated companies represent roughly 81% of the money. See the first twenty :

Booz&Co. Ranking

The report is called “Profits Down, Spending Steady”, and it appears that R&D indeed is “a competitive necessity“. In times of recession, companies keep investing, even though the global increase of 5,7% is less important than last year’s 10,7% R&D expansion. What appears clearly is that these companies are (still) headquartered in the three main regions : USA, Europe and Japan. In the whole ranking, companies coming from these countries represent stunning 94% of total spending !

The economic downturn doesn’t discourage companies to invest, a lot of them even see the crisis as “an opportunity to build their advantage over their competitors“. Some corporations also say that “the recession has catalysed innovation, by forcing them to think more carefully about their new product portofolios […] and costs“. Efficiency is the word ! Another reason is that development cycles are longer than the recession. while the current crisis lasts since december ’07 (23 months), most industry’s product development cycles are longer : about 35 months to launch a new car, and up to 90 months in the pharmaceutical industry. As IBM’s general manager of the Server X server business, M. Adalio Sanchez, says : “if you miss a cycle, you’re out of the market“.

An example : Innovation at Pitney Bowes

Pitney Bowes logo

The 90-year-old mail and document management company wanted to coordinate innovation across its research labs and development shops. Having the financial capacity to invest quite heavilly (USD 900 million of free cash-flow in 2008), they aggregated  various products into a new business division called Pitney Bowes Business Insight (PBBI). The management also launched a program called New Business Opportunity (NBO) intended to fund idea development within the business units of the company. A last example the launch of “an electronic meeting place for PB’s 35 000 employees“, called IdeaNet, which enables employees to suggest “any idea that they think will help create new sources of revenue“.

By the way : the #1000 is Laird Group PLC, a London based maker of electronics equipment, which spent USD 58 million on R&D in 2008. Their slogan : Value through Innovation. Page 8 of the report states that “the amount of money companies spend on R&D bears no relationship to overall corporate performance“. I guess this is a quite extensive debate…

Dix jours qui ébranleront le monde, Alain Minc, éd. Grasset

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Cet essai, publié en cette année 2009, reprend dix scénarios plus ou moins probables qui illustrent chacun un enjeu majeurde notre époque. Comme le reprend la quatrième de couverture, “ce ne sont pas dix prophéties mais dix métaphores“. Quoique, certains de ces “jours” ne paraissent pas si incongrus que cela, et ces hypothèses mettent très bien en relief les enjeux de l’avenir : l’émergence de nouvelles puissance économiques et politiques, l’inévitable transformation démographique ou encore les menaces terroristes. Extraits.

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Alain Minc est un pur produit de l’élite française : dirigeant d’entreprise et conseiller économique et politique (AM Conseil), mais également essayiste. Sa première publication, L’Informatisation De La Société, est remise au Président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing en 1978. Cela fait alors trois ans qu’il est sorti de l’ENA, major de sa promotion Léon Blum, après avoir obtenu un diplôme à l’Ecole des Mines et à Sciences Po Paris en 1971. Ce rapport est le premier d’une longue série de livres et d’essais d’anticipation, où l’auteur fait part de sa vision l’avenir. Cet essai est donc le dernier d’une longue série, qui rassemble dix “manifestations éparses d’une Weltanschauung et ils témoignent à ce titre d’une subjectivité(qu’il) revendique volontiers“.

Pour chaque événement, j’ai choisi de citer un passage qui m’a particulièrement marqué, soit parce qu’elle explique la plus ou moins grande probabilité de survenance du scénario, soit parce qu’elle révèle une réalité difficile à entendre… qu’elle ait un rapport avec la prédiction ou pas.

  • Le jour où Gazprom lancera une OPA sur Total

…Gazprom suit les règles qu’elle se fixe elle-même. Une fois maître de Total, elle utiliserait elle utiliserait les capacités de production de l’entreprise en fonction de critères plus stratégiques qu’économiques, plus politiques que techniques

  • Le jour où la Chine envahira Taïwan

Une Chine autocentrée sur son développement, obligée à croître à 8% par an pour préserver un relatif équilibre social, prise dans un jeu de ramifications économiques et monétaires complexes avec l’Occident, devenue l’atelier industriel et créancier des Etats-Unis. Un tel pays ne prend pas le risque de devenir belliqueux et de détériorer sa position dans le monde

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  • Le jour où l’Ecosse déclarera son indépendance

L’indépendance de l’Ecosse est soit une éventualité réelle, soit une métaphore d’un changement culturel majeur. L’Europe conduit à l’émiettement ; le globalisation au Risorgiamento local. Plus l’Union européenne s’est élargie, plus elle apparaît comme la “maison commune” – suivant le mot cher à Gorbatchev – de micro-Etats

  • Le jour où Google rachètera le NYTimes pour un dollar

L’interactivité et le dialogue entre l’internaute et l’émetteur d’informations et d’opinions aboliront toute forme de hiérarchie. Tous les faits se vaudront ; toutes les opinions seront équivalentes ; tous les savoirs se neutraliseront

  • Le jour où l’€uro vaudra 2,5 dollars

“...une partie importante du surcroît d’expansion tenait à un facteur plus idéologiquement inavouable : la rente exorbitante du dollar, c’est-à-dire la capacité des Etats-Unis à s’endetter au-delà de ce que leur situation objective aurait dû leur permettre

  • Le jour où Israël attaquera les installations nucléaires iraniennes

Les victoires militaires, le succès économique, l’épanouissement de la société n’y changent rien : la psychose de l’anéantissement demeure l’ “ADN” d’Israël

  • Le jour où la France comptera plus d’habitants que l’Allemagne

Vues de Pékin ou de Delhi, une France de 75 millions d’habitants et une Allemagne de 74 millions seront des nains indifférenciés. Même depuis Washington, le changement entre ces deux pays semblera infinitésimal

  • Le jour où les Asiatiques rafleront tous les Prix Nobel

Fusionner Heidelberg et la Sorbonne serait encore plus problématique que de mener l’opération EADS. C’est pourtant une nécessité vitale pour espérer rivaliser un jour avec les principaux joueurs d’un jour et de demain

  • Le jour où le terrorisme menacera de faire exploser une arme nucléaire tactique

Le terrorisme, 11 septembre 2001 inclus, a jusqu’à présent manqué d’imagination. L’attaque sur les tours du WTC était folle d’audace, mais d’un classicisme absolu. Tuer un maximum de gens en un lieu précis, c’est la stratégie originelle de terroristes depuis Ravachol et les anarchistes russes du XIXè siècle

  • Le jour où les jeunes mâles blancs se révolteront

La plaisanterie qui a si longtemps couru aux Etats-Unis – l’avenir appartient aux femmes noires paralytiques car elles comptent dans trois quotas – trouvera alors son équivalent en France : la beurette diplômée aura un double avantage sur le garçon blanc, issu de Neuilly ou de Sarreguemines

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Voilà pour les extraits. Loin d’aborder le seul événement évoqué dans le titre, mais souvent beaucoup plus large, l’analyse d’Alain Minc est lucide et juste. Certains de ces faits sont, je le répète, très peu probables et ont été créés par l’essayiste pour aborder un enjeu particulier. D’autres, cependant sont des réalités inévitables qui s’inscrivent dans l’évolution de la situation mondiale actuelle, je pense à la démographie (N°7) ou à l’éducation(n°8). Ce livre à donc le mérite de nous alerter de manière très efficace : le storytelling.

Exposez-nous des faits, et nous n’en mesurerons pas la portée. Racontez-nous des histoires et nous comprendrons.

Conférence de Thierry de Montbrial, le 10 février 2009 à l’ESSCA Angers

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A l’occasion du centenaire de l’Ecole, l’ESSCA a accueilli Thierry de Montbrial, fondateur et directeur de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales). Dans un contexte de crise et de mise en cause de notre modèle de civilisation, M. de Montbrial a rappelé les valeurs qui dirigent notre société chrétienne et pointe certaines contradictions qui ont contribué à cette situation. L’amphi Gounouf de l’ESSCA Angers accueillait des dirigeants d’entreprises, permanents de l’Ecole et des élèves, bien que tout le monde n’a pas pu suivre la conférence. L’ESSCA la retransmettait dans un autre amphi angevin ainsi que sur le site de Paris.

Spécialiste en économie et relations internationales, Thierry de Montbrial est diplômé de l’Ecole Polytechnique (1963), de l’Ecole des Mines (1966) et de l’Université de Berkeley. Il a fondé et présidé jusqu’en 1992 le département d’économie de l’Ecole Polytechnique et dirige aujourd’hui la revue Politique Etrangère qui diffuse les analyses françaises relatives aux relations internationales dans le monde. On peut terminer cette brève introduction par ses fonctions d’enseignement, puisqu’il professe à l’X (sciences économiques), au Conservatoire nationale des Arts et Métiers (économie politique appliquée) ainsi qu’à Paris II Panthéon Assas (théories des relations internationales).

Dans son discours -d’une bonne heure- M. de Montbrial a abordé la situation actuelle mais il a commencé par certains rappels historiques. Ainsi, de toutes les révolutions du monde, les trois plus importantes sont l’écriture, l’imprimerie et les NTIC, dont l’ampleur va grandissante. Il est intéressant de remarquer que toutes ces “révolutions” sont liées à la communication. Je vous invite à ce sujet à lire le livre de Dominique Wolton : Mc Luhan ne répond plus, aux éditions l’Aube.

Lorsqu’on regarde la récente évolution des relations internationales, le directeur de l’IFRI revient sur la chute de l’URSS, qui est selon lui l’évènement majeur du XXème siècle. D’ailleurs, nous en ressentons encore les conséquences aujourd’hui, notamment dans la construction européenne. Le déplacement du centre de gravité de l’UE vers l’Est est un fait logique, mais pas facile à accepter par les membres fondateurs. L’utopie bien française d’un “monde stagnant” n’a aucun fondement et peut même être une chose dangereuse, dans le sens où “son application permet de perpétuer les totalitarismes et empêche l’évolution des systèmes fiables“.

S'adapter, ou se protéger ? Sarkozy chez PSA-jpg

Pour revenir à l’Union Européenne, l’Ingénieur général des Mines pense que la politique économique européenne ne va pas assez dans le sens de l’uniformisation politique, dont l’Euro-zone est un exemple. Il critique ainsi les décisions individuelles comme qui ne sont pas coordonnées, comme l’aide de 6,5 milliards d’Euros que Nicolas Sarkozy a accordé au secteur automobile français en début d’année. Le protectionnisme serait ainsi un “scénario catastrophe” de la crise puisque cela fausse toutes les règles de la concurrence et ne favorise pas la confiance mondiale dont nous avons besoin.

La stabilité mondiale ne dépend donc plus de la Triade (Europe, Etats-Unis, Japon) mais aussi et surtout des grands pays émergents comme l’Inde, le Brésil ou encore la Chine. Le parti unique du pays, Parti Communiste Chinois, trouve aujourd’hui sa légitimité dans la poursuite de la croissance économique. Non sans le monde stagnant, Thierry de Montbrial voit dans ce pragmatisme (la contradiction entre les valeurs fondatrices du PCC et la situation chinoise) la force de ces pays. Il n’a cependant pas abordé l’aléa moral causé par les dérives de ce système… Mais selon lui, les entreprises et les institutions n’existent pas pour être éternelles. Ainsi, il a fait référence à des entreprises telles que Apple, Microsoft ou IBM, mais aussi au CNRS dont l’actuelle résistance au changement constitue une menace : la difficulté de se réformer pour s’adapter. Schumpeter pensait que la capacité à constamment se renouveller constitue la force principale d’un système.

Manifestation de chercheurs au CNRS (19 juin 09)-jpg

Même quand “les choses vont bien“, les hommes ont naturellement tendance au “relâchement“. Le conférencier explique cela par “l’extrapolation des discours positivites et inhibant le doute“, Danny Miller apelle cela le Paradoxe d’Icare (son livre). Il faut souvent des drames pour regarder les choses en face et la crise économique et écologique actuelle en est un, c’est certain. Plus précisément, M. de Montbrial évoque l’interruption totale des marchés interbancaires que nous observons aujourd’hui. Il reproche aussi à Alan Greenspan d’avoir permis de développer “un système basé sur l’irréel” avec sa foi aveugle dans le marché. Il croyait en l’accroissement supérieure de la productivité (grâce aux NTIC) face au capital, ce qui s’est révélé faux.

Il est nécéssaire d’espérer pour entreprendre

Les difficultés que rencontre l’homme lorsqu’il entreprend (l’entrepreneur donc…), c’est lui-même qui les créé, et non pas la nature. C’est cette vision très cartésienne que Thierry de Montbrial défend, disant qu’il faut y répondre (aux difficultés) par “la vertu et la persévérance“. Il a aussi souligné l’importance de rester fidèle à ses valeurs dans son action puisque, inévitablement, la durée et l’expérience mettent à l’épreuve notre éthique à tous. Selon lui, le meilleur leadership est donc le “leadership par l’exemple“, qui induit le moins de biais et le plus de crédibilité.

Bien qu’il ait un CV impressionnant, j’aurais justement pensé que ce Monsieur aurait été plus humble. Parfois distant, parfois évasif, M. de Montbrial m’a paru un peu hautain. Est-ce son attitude naturelle ou une conséquence de son indiscutable appartenance à l’élite? Je ne sais pas. Lorsqu’un étudiant (esscaïen) a posé une question sur l’appartenance du conférencier au très confidentiel groupe Bilderberg, M. de Montbrial s’est permis de ne pas répondre en substance, mais plutôt de revendiquer son droit à en faire partie. J’aurais personnellement préféré avoir ses explications plutôt que de devoir aller chercher des infos sur internet (WikipediaRue89 etc.). Il était cependant très impressionnant de rencontrer une personne de sa culture, et j’ai toujours beaucoup de respect pour les personnes si intelligentes.

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