Aujourd’hui, à la conférence TIC – Information et Stratégie de Nïmes, nous présentons notre papier “Travail ou pas? L’autonomie des participants au crowdsourcing et ses implications,” co-écrit avec le Professeur Jean-François Lemoine de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et l’ESSCA Ecole de Management, et Eric Favreau, juriste chez eYeka. En voici un résumé sur le Journal Du Net, et surtout une riche discussion (en dessous). Continue reading →
Category / FR : Conférences
Trop intéressant pour ne pas être partagé
Jeremiah Owyang Présente Crowd Companies à Le Web Paris
Cet après-midi, à Le Web Paris, Jeremiah Owyang a présenté son dernier projet: Crowd Companies. Dans sa présentation “Is Your Company Ready For The Next Ten Years?” (Votre entreprise est-elle prête pour les 10 prochaines années?), il a présenté quelques entreprises qui, se basant sur les ressources apportées par la foule, bousculent des industries établies: Airbnb qui se frotte à l’hôtellerie, Uber qui embête les chauffeurs de taxis et d’autres. Les habitudes de consommation changent, et Crowd Companies a pour projet d’aider les grandes entreprises à s’adapter à l’essor de la consommation collaborative, de la fabrication à domicile (maker mouvement) et de la co-création entre clients. Continue reading →
Présentation sur le crowdsourcing à La Cantine Numérique Rennaise
J’ai eu le plaisir d’intervenir à La Cantine Numérique Rennaise hier, dans le cadre d’une rencontre sur le crowdsourcing organisée par le Social Media Club de Rennes. Je viens de mettre ma présentation en ligne:
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La rencontre était organisée par Anthony Chénais, et une présentation intéressante a également été faite par Nicolas Kayser-Bril sur le crowdsourcing dans le journalisme et les mouvements citoyens ; passionnant! Merci à tous ceux qui sont venus nous écouter et échanger avec nous, n’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou des remarques.
Juste quelques liens utiles (tirés de ma présentation, puisque Slideshare ne copie pas les liens hypertexte visiblement):
- La vidéo de laquelle est tirée la frise sur le “crowdsourcing” (slide 2) : ImageBrief at the Sydney Opera House (Crowdsourcing Creativity – Full version)
- Les liens vers les sites de eYeka : eYeka.com (plateforme communautaire) et eYeka.net (site institutionnel)
- La timeline interactive sur l’utilisation du crowdsourcing par les marques (merci à @Auregann de l’avoir tweeté)
- Deux vidéos sur l’utilisation du crowdsourcing par Coca-Cola : pour la recherche d’insights et pour l’accès à une foule de designers (vidéos en anglais)
- L’infographie et la vidéo sur les motivations des membres créatifs de la communauté eYeka (voir aussi ce billet de blog)
- L’extrait de La Nouvelle Edition (Canal+) sur le crowdsourcing. Il présente notamment un cas concret : l’utilisation du crowdsourcing par Danone Waters pour le design de sa (prochaine) bouteille de Volvic
- Quelques liens que je n’ai pas eu le temps d’aborder: les critiques vis-à-vis du crowdsourcing : la liste noire de l’AFD, un billet du Creative Freelancer Blog et le site du mouvement AntiSpec. Le crowdsourcing ne fait pas l’unanimité, j’en ai parlé un peu hier, et c’est important de garder ça à l’esprit!
Comment ne jamais être un looser…
Voici la présentation de Gilles Babinet, serial entrepreneur français et co-fondateur d’eYeka, pour la #FailConf du 1er février dernier. La FailConf est un événement qui porte sur l’échec entrepreneurial et qui s’est tenu au siège de Microsoft France. L’objectif de cette conférence est surtout de valoriser l’échec comme une étape vers la réussite… enfin, je devrai même pas parler de réussite parce que je suis certain d’en avoir une conception extrêmement conservatrice ! Comme dit TechCrunch :
C’est intéressant que certains aient décidé d’appeler cette conférence ‘la conférence des losers’ mais bon, s’il y a des personnes comme Gilles Babinet sur la liste, appelez la conférence ce que vous voulez !
Le Design et son éthique, conférence de Christian Guellerin
Christian Guellerin est directeur de l’Ecole de Design de Nantes Atlantique et président de l’association Cumulus qui rassemble des établissements de formation artistiques et médiatiques. Dans le cadre du cours de Design au sein du Master1 Expertise Marketing à l’ESSCA, il nous a parlé du rôle du design et du marketing, de leurs différences et surtout des avantages que constituent ces disciplines l’une pour l’autre.
Tout d’abord, il convient de faire quelques rappels. Effectivement, le design est une discipline qui a connu son essor grâce à la révolution industrielle, pendant laquelle un produit était conçu de manière à optimiser la productivité (de masse) tout en maintenant un niveau de qualité élevé. A partir des années 80, les conditions concurrentielles ont changé, notamment parce que l’offre était plus abondante que la demande et que l’économie est devenue une économie de services : c’est la post-industrialisation. Selon M. Guellerin, nous sommes aujourd’hui dans une phase de ré-industrialisation qui consiste pour les entreprises françaises à “exploiter les capacités du savoir-faire pour trouver de nouveaux débouchés et restaurer les marges des entreprises“. Alors que le marketing cible traditionnellement (et culturellement, d’ailleurs) les marchés “historiques” d’une entreprise, le design a pour rôle de donner des impulsions pour changer de métier en exploitant ses différents savoir-faire.

Le premier logo d'Apple : Newton assis sous un pommier (le logo a été abandonné en faveur de la pomme puisqu'il était jugé trop compliqué...)
Un exemple est la société californienne Apple qui a fait de cette “mutation permanente” sa stratégie d’entreprise, ce qui constitue d’ailleurs une véritable révolution des mentalités, surtout dans le secteur de l’ingénierie et de l’informatique. A leur métier d’origine (la conception d’ordinateurs), ils ont notamment ajouté la distribution de musique (iTunes), la téléphonie etc. Aujourd’hui, Apple fait du design. La marque à la pomme est très souvent citée comme exemple de stratégie d’entreprise, de design produit, de marketing… sans doute parce qu’ils le sont, mais il y a sans doute un effet de halo lié au succès économique et à l’effet de mode. Le design -lui- est-il seulement à la mode aussi ?
Selon le directeur de l’école nantaise, le design est certes un terme à la mode, mais il répond à un enjeu économique et sociétal important. Les enjeux actuels font émerger le souhait de repenser nos modèles de consommation, de la rendre plus écologique et surtout de lui donner un sens. La discipline doit donc jouer sur les modifications de notre environnement sociologique, technologique, économique etc. Ainsi, comme le dit Christian Guellerin dans un entretien avec Nicolas Minvielle, professeur à Audencia, le designer doit idéalement travailler avec le marketing et les ingénieurs, mais aussi avec des sociologues, des philosophes, des artistes etc. Comme il disait aussi, devant nous cette-fois : “le design est une démarche socio-économique qui tend à répondre à un besoin dans une optique de progrès, mais c’est surtout une discipline économique puisqu’elle trouve sa finalité sur les marchés“. Le design est-il plus éthique que le marketing alors ?
“La morale nous fait nous apitoyer sur ceux qui ont faim, l’éthique nous oblige à les nourrir”
– Emmanuel Levinas –
Si on utilise cette citation du philosophe français, on pourrait effectivement penser que le marketing est moral dans le sens où il constate, alors que le design est une discipline éthique dans le sens où elle suppose une intervention ! A réalité, cette différence gagnerait à être vue comme une complémentarité, mais ce serait toujours trop discriminant. Le design a effectivement une fonction prospective et un rôle de proposition importante. Le designer a pour mission de trouver des solutions à des usages en agrégeant ses connaissances et ses observations, ce qui nécessité une culture générale et une curiosité très aiguë.
Quels sont les enjeux actuels du marketing et du design ? Tout comme ceux de l’ingénierie (par exemple) ce sont d’après M. Guellerin la Green Economy et ce que Bernard Stiegler appelle l’économie de la contribution : un système ou les producteurs et les consommateurs ne sont plus séparés et où ils “contribuent directement aux contenus qu’ils expérimentent” (Gandon, Limpens, 2004). Il va falloir concevoir des produits plus propres et recyclables, ainsi que des systèmes qui permettent aux hommes de communiquer leur(s) connaissance(s).
Conférence d’André Comte-Sponville, 2 octobre 2009, Centre des Congrès d’Angers
Dans le cadre du Centenaire de l’Ecole, l’ESSCA avait réuni anciens, professeurs, partenaires et étudiants au Centre des Congrès d’Angers pour une soirée autour d’André Comte-Sponville, philosophe normalien, qui s’est proposé de réfléchir sur le sujet “Sens du travail, bonheur et motivation : philosophie du management“. Cette conférence a été suivie par une discussion avec les étudiants et le président du Réseau des Anciens Elèves, Thierry Forges, animée par Gilles Lockhart, journaliste à L’Expansion. Retour sur la soirée…
près un bref discours d’introduction de Dominique Vigin, président du Groupe ESSCA, puis de Catherine Leblanc, directrice de l’Ecole, M. Comte-Sponville a commencé sa conférence peu après 18h30. S’adressant à des managers et futurs managers, il a rappelé la difficulté de cette fonction, tout simplement parce “c’est faire travailler les autres, et les autres, travailler, ils préféreraient pas“. La difficulté du management réside donc selon lui dans le fait que le travail est une contrainte. Inévitablement, le philosophe a alors fait le parallèle avec l’esclavagisme : “le fouet faisant défaut, c’est pour ça que l’on a inventé le management“.
“Le profit est quand même le seul moyen que l’on ait trouvé pour faire reculer la pauvreté”
Le management moderne (si l’on peut “management” pour l’esclavagisme…?) aurait alors pour principale mission de concilier des intérêts divergents : ceux des salariés, qui recherchent le bonheur, et ceux de l’entreprise, qui recherche le profit. Autrement dit, comment le management doit-il faire pour donner un sens au travail ? Dèjà, M. Comte-Sponville a commencé par rappeler que le travail n’était pas une valeur morale, comme le disent parfois les dirigeants et managers, notamment à cause de l’existence du salaire. Effectivement, personne ne vous paye pour être juste, pour être généreux… bref pour être vertueux.
“Le travail ne vaut rien, c’est pour ça que l’on le paye”
Le travail n’est toujours qu’un moyen, pour tendre vers le bonheur ou pour faire du profit, et selon le philosophe c’est justement pour cela qu’il doit avoir un sens. Le sens du travail est par définition une autre chose que le travail. Mais vers vers quoi tendons-nous alors ? Et comment nous motivons-nous au travail si on ne travaille pas pour le plaisir de travailler, mais pour quelque-chose d’extrinsèque au travail ? Qu’est-ce qui fait courir l’homme ? Le bonheur ? C’est justement la deuxième partie de l’intervention d’André Comte-Sponville qui permet de réfléchir sur ces questions.
“Un manager, c’est un professionnel du désir de l’autre”
Le réflexion sur le bonheur et le motivation passe inévitablement par la notion de désir. Concrètement, un manager est donc un “professionnel du désir du salarié”, un marketeur étant un “professionnel du désir du client”. Mais le philosophe est allé encore plus loin dans la description de ces deux disciplines : selon lui il y aurait un marketing platonicien (“les clients courent après ce qui leur manque”) et un marketing spinoziste (“les clients courent parce qu’ils aiment la puissance de courir”). Depuis le début de l’ère du marketing de l’offre effectivement, c’est en flattant le client que l’on arrive à vendre ce qu’on lui fait désirer…
“Quand on est marchand de chemise, le type qui vient torse-nu est quand même une formidable exception”
Il en est de même avec le management et les ressources humaines, dont la principale difficulté n’est pas de trouver mais de recruter et de fidéliser les meilleurs. Qui sont les meilleurs ? Ce sont ceux qui peuvent s’en aller à tout moment… Les salariés ont certes besoin d’un salaire mais aussi et surtout d’autres sources de motivation comme de bonnes conditions de travail, une certaine reconnaissance sociale, des incentives stimulantes etc. C’est ce que M. Comte-Sponville appelle le marketing managérial : d’attacher autant d’importance aux désirs du client qu’à ceux du salarié. L’intérêt de l’entreprise est donc de faire du profit, celui des salariés est le bonheur ; l’entreprise doit donc aligner ses propres désirs à ceux des individus qui y travaillent.
“Le management est réussi quand des gens qui ne travaillent pas par amour du travail finissent par aimer ce pour quoi ils travaillent”
Dans le débat qui a suivi, le philosophe Comte-Sponville a pu répondre à des questions d’étudiants de deuxième, troisième et cinquième année, ainsi qu’à celles de Thierry Forges, Président du Réseau des Anciens de l’ESSCA. Les questions portaient sur différents aspects du travail et du management. J’en ai surtout retenu que “motiver, c’est rendre un désir utilisable”, partie de la réponse donnée par M. Comte-Sponville à une question posée sur le management du bénévolat. L’esprit de l’intervention de l’auteur du Peit Traité des Grandes Vertus est très bien repris dans cette “vision” qu’il a du marché :
“Que dit-on à un client ? Sois égoïste : achète chez moi. Que dit-on à un salarié ? Sois égoïste : travaille chez moi. Le marché, c’est la convergence de égoïsmes”
Une quasi-paraphrase des termes employés par Adam Smith pour décrire les lois du marché régi par la main invisible. M. Comte-Sponville semble avoir une vision très libérale du marché, à l’inverse de la tendance actuelle. Dans le contexte actuel de la crise, le postulat selon lequel le somme des intérêts individuels garantit la meilleure allocation possible des ressources -le libéralisme- est plus critiqué que jamais. Le conférencier critique également le paternalisme lorsque, pour répondre à une question d’un étudiant en 5ème année, il affirme que le paternalisme c’est “faire semblant d’aimer ses salariés”. Selon lui, “une entreprise n’est pas une famille, mais un marché”. A la question de Thomas, étudiant en 3ème année, qui demande ce que M. Comte-Sponville veut dire lorsqu’il affirme que les jeunes perdent le sens du travail, conclut par cette réponse :
“Le travail n’est toujours qu’un moyen, c’est vrai, mais c’est presque toujours le moyen le plus important”
La soirée s’est terminé dans le hall du Centre des Congrès autour d’un cocktail pour lequel Saïté Chen, concertiste et étudiant en 3ème année, a joué des extraits d’œuvres de Bach, Listz, Gerschwin ou de Chopin. Un superbe cadre pour converser avec les professeurs et rencontrer les anciens élèves, dont M. Le Duff, conviés à cette soirée.
Et aussi :
(Merci à Charles pour les photos)
Conférence sur le Personal Branding, T. Latgé et L. Simon, le 28 septembre à l’ESSCA Angers
L’ESSCA aime bien rappeler son ancienneté, mais cela ne veut pas dire pour autant que l’institution centenaire ne regarde pas vers l’avenir. Dans la “mise-à-jour” de l’Ecole en matière de nouvelles technologies, encouragerait-elle les étudiants de se forger une identité numérique afin d’être plus remarquable sur internet ? C’est en tout cas dans ce sens que va la dernièreincentive envers les étudiants : offrir un an de compte “premium” à chaque étudiant de la promo centenaire. Ludovic Simon, fondateur en président de doyoubuzz, ainsi que Tristan Latgé, fondateur du cabinet Immerso, sont aujourd’hui venus parler de Personal Branding face à un auditoire composé majoritairement de 5ème années, les principaux concernés.
Dans son livre sur le Personal Branding, Olivier Zara décrit de la manière suivante : “Doyoubuzz mise sur son ergonomie en AJAX pour faire la différence face à la concurrence. Leur ambition est également d’aller au-delà du CV et de proposer prochainement des connexions avec les CVthèques ainsi que des fonctions sociales (blog, réseau etc.). Lancé en juin 2008 – Origine : France” (p.90).
Effectivement, Ludovic Simon, dont vous pouvez admirer le CV en ligne ici, est le fondateur et président de la SAS DoYou Multimédia, société qui exploite doyoubuzz.com. Diplômé de l’Istia à Angers, il a donc présenté son outil de CV en ligne devant une grande partie de la promotion 2005-2010, qui étaient conviés à cette conférence. Comme je l’ai dit auparavant, ils se font offrir par l’ESSCA une année d’abonnement “premium”, qu’ils auront la liberté de prolonger (à titre onéreux) par la suite. Selon lui, on aura toujours besoin de CV, le web étant une évolution logique vers davantage d’interactivité et de visibilité pour les candidats à l’embauche. Que ce soit sur le marché ouvert des embauches sur annonce ou sur le marché caché, c’est à dire par bouche-à-oreille ou par contact, qui représenterait autour de 40% du marché total de l’emploi. D’après les deux intervenants, l’année 2009 est d’ailleurs une année “catastrophique” en termes d’emploi, le marché repartira -selon eux- en 2010, et explosera en 2011. Ouf !
L’autre intervenant, Tristan Latgé, qui a fondé l’agence de communication “corporate RH” Immerso, a lui abordé le Personal Branding de manière moins… intéressée. Il nous a parlé des sites traditionnels de recrutement (monster, keljob etc.), appelés Job Boards, qui représentent aujourd’hui environ 80% des annonces, mais qui tendent à la saturation, tant qualitativement que quantitativement. Selon lui, il faut aujourd’hui se servir du web 2.0 pour être remarquable, bien qu’il faille être conscient que cette “prise de parole” est croissante et irrémédiable dans le temps. Mais la technologie ne changera pas seulement les processus de recrutement : la communication interne en entreprise sera modifiée également. Ces dernières se préparent pour accueillir notre génération Y avec des chats internes, des wikis, des blogs d’entreprise etc. Tout cela est quand même resté assez vague…
Pour terminer, une question amusante : quel réseau social peut révéler de bons managers ? Viadeo, Twitter, Doyoubuzz ? Non : World of Warcraft ! Il paraît effectivement que le fait d’être “chefs de guilde” est particulièrement valorisé par certains recruteurs : gestion d’équipe, multi-tasking, communication etc. sont autant de qualités que doit apparemment posséder un chef de guilde WoW. Etant donné que ce personnage doit jouer, gérer ses subordonnés, chater et parler en même temps, on peut effectivement parler de multi-tâche. De là à en faire un bon manager…
Zeilfer, chef de la guilde “secte Deimos” (http://lesdeimos.skyrock.com/)